Vers un capitalisme national-populiste : Enjeu ou obstacle à la durabilité ?

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Webinaire D’actualité Durable – La revue mensuelle pour les acteurs de la durabilité

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À propos de cet événement

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(Re)Visionner le Webinaire d’Actualité Durable

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Découvrez les dernières tendances et progrès en durabilité !

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Le Webinaire d’Actualité Durable de décembre 2024, conduit par Patrick d’Humières, Julien Marchal et Olivier Millet, a exploré les conséquences potentielles du basculement vers un capitalisme national-populiste. Les discussions ont mis en évidence le repli croissant des entreprises dans les girons étatiques, alimenté par les tensions géopolitiques et les transformations économiques mondiales. Ce modèle, qui favorise des approches souverainistes, pourrait freiner les avancées en matière de durabilité.

Le Webinaire d’Actualité Durable de décembre 2024, conduit par Patrick d’Humières, Julien Marchal et Olivier Millet, a exploré les conséquences potentielles du basculement vers un capitalisme national-populiste. Les discussions ont mis en évidence le repli croissant des entreprises dans les girons étatiques, alimenté par les tensions géopolitiques et les transformations économiques mondiales. Ce modèle, qui favorise des approches souverainistes, pourrait freiner les avancées en matière de durabilité.

Le Capitalisme National-Populiste : Une Menace pour le Développement Durable ?

Le Capitalisme National-Populiste : Une Menace pour le Développement Durable ?

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Les intervenants du webinaire

Les intervenants du webinaire

Julien Marchal, Directeur de la Stratégie et du Développement Durable chez EDF

Julien Marchal
Auteur et directeur de la stratégie et du développement durable chez EDF Renouvelables

Olivier Millet, Membre du Directoire Eurazeo

Olivier Millet
Membre du Directoire Eurazeo

Patrick d'Humières, Co-Founder of EcoLearn, promoting sustainable transformation

Patrick D’Humieres
Co Fondateur EcoLearn et animateur du Webinaire d’Actualité Durable

Les actualités durables par Patrick d’Humières

Les actualités durables par Patrick d’Humières

Allons-nous vers un « capitalisme national-populiste » ?
Allons-nous vers un « capitalisme national-populiste » ?

Une interrogation s’impose depuis les récentes manifestations de ralliement à Donald Trump par des acteurs de la Silicon Valley et des grands groupes américains. Sommes-nous en train de basculer d’une idéologie (néo)libérale, qui a dominé Wall Street depuis vingt ans, à une idéologie nationaliste à tendance populiste ? Celle-ci pousserait les chefs d’entreprise à chercher la protection de l’État, pour élever les frontières, accroître les aides sociales et accompagner les mutations. Tout cela, bien sûr, sans alourdir leur charge fiscale.

Une interrogation s’impose depuis les récentes manifestations de ralliement à Donald Trump par des acteurs de la Silicon Valley et des grands groupes américains. Sommes-nous en train de basculer d’une idéologie (néo)libérale, qui a dominé Wall Street depuis vingt ans, à une idéologie nationaliste à tendance populiste ? Celle-ci pousserait les chefs d’entreprise à chercher la protection de l’État, pour élever les frontières, accroître les aides sociales et accompagner les mutations. Tout cela, bien sûr, sans alourdir leur charge fiscale.

Si cette hypothèse se confirme, ce serait une rupture majeure. Les questions environnementales en seraient les premières victimes. La tournée du nouveau numéro un de Stellantis, John Elkann, dans les grandes capitales où l’entreprise est implantée, est un symbole de main tendue qui tranche avec le mépris affiché auparavant par son prédécesseur envers les acteurs publics.

Si cette hypothèse se confirme, ce serait une rupture majeure. Les questions environnementales en seraient les premières victimes. La tournée du nouveau numéro un de Stellantis, John Elkann, dans les grandes capitales où l’entreprise est implantée, est un symbole de main tendue qui tranche avec le mépris affiché auparavant par son prédécesseur envers les acteurs publics.

Une ère de libéralisme économique révolue ?
Une ère de libéralisme économique révolue ?

Le libéralisme économique a longtemps prospéré, mais la crise de 2008 a marqué un tournant. Durant les années 2000, les libéraux ont toléré l’essor de la RSE et du développement durable, à condition qu’ils se limitent à réparer des accidents ou à répondre à des critiques (ex. Amoco Cadiz, Erika, Bhopal). Ces démarches ne remettaient pas en cause les principes du libre-échange ni l’autonomie décisionnelle des entreprises. Mais deux vagues majeures ont bouleversé cette « mondialisation régulée » qui a connu son acmé avec l’accord de Paris de 2015.

La première est l’exigence croissante de décarbonation et de vigilance dans les chaînes de valeur et de demande de partage de valeur. Cette demande, portée par les Objectifs de Développement Durable de 2015, a irrité les « friedmaniens » (partisans d’un libéralisme pur et dur) au pouvoir.

La seconde vague résulte de la rupture avec des puissances comme la Chine et la Russie, ainsi que de la contestation croissante de l’hyper-puissance occidentale ; celle-ci vise directement à porter atteinte aux intérêts du business en place, celui du nord. Face à cela, les dirigeants économiques prennent conscience de la gravité de la situation et se tournent vers leurs États pour se protéger. Ce signal, à lui seul, annonce des transformations profondes à venir.

Le libéralisme économique a longtemps prospéré, mais la crise de 2008 a marqué un tournant. Durant les années 2000, les libéraux ont toléré l’essor de la RSE et du développement durable, à condition qu’ils se limitent à réparer des accidents ou à répondre à des critiques (ex. Amoco Cadiz, Erika, Bhopal). Ces démarches ne remettaient pas en cause les principes du libre-échange ni l’autonomie décisionnelle des entreprises. Mais deux vagues majeures ont bouleversé cette « mondialisation régulée » qui a connu son acmé avec l’accord de Paris de 2015.

La première est l’exigence croissante de décarbonation et de vigilance dans les chaînes de valeur et de demande de partage de valeur. Cette demande, portée par les Objectifs de Développement Durable de 2015, a irrité les « friedmaniens » (partisans d’un libéralisme pur et dur) au pouvoir.

La seconde vague résulte de la rupture avec des puissances comme la Chine et la Russie, ainsi que de la contestation croissante de l’hyper-puissance occidentale ; celle-ci vise directement à porter atteinte aux intérêts du business en place, celui du nord. Face à cela, les dirigeants économiques prennent conscience de la gravité de la situation et se tournent vers leurs États pour se protéger. Ce signal, à lui seul, annonce des transformations profondes à venir.

Le repli des entreprises dans le giron étatique
Le repli des entreprises dans le giron étatique

Les entreprises semblent redéfinir leurs relations avec les États, amorçant une ère de nationalisme économique. Est-ce que ce revirement affaiblira le libéralisme ? Tout porte à croire que oui. Les impératifs de souveraineté, les intérêts nationaux et la protection des économies locales vont s’en trouver renforcés, au détriment d’une liberté du commerce. Et le fait que celle-ci, ne se rétablisse pas depuis que l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), est paralysée par un coma provoqué par Donald Trump, déjà, incarne bien cette tendance.

Les entreprises semblent redéfinir leurs relations avec les États, amorçant une ère de nationalisme économique. Est-ce que ce revirement affaiblira le libéralisme ? Tout porte à croire que oui. Les impératifs de souveraineté, les intérêts nationaux et la protection des économies locales vont s’en trouver renforcés, au détriment d’une liberté du commerce. Et le fait que celle-ci, ne se rétablisse pas depuis que l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), est paralysée par un coma provoqué par Donald Trump, déjà, incarne bien cette tendance.

Est-ce que l’exigence de durabilité sera la victime ou la bénéficiaire de ce repli ? A ce stade, on peut dire qu’elle risque d’en faire les frais. Les transformations imposées par les régulations environnementales, à des coûts normatifs et à un encadrement des stratégies privées, peu importe qu’elles soient « douces » ou « dures », suscitent l’ire des groupes multinationaux et des lobbys influents. Aujourd’hui, des dirigeants d’entreprises expriment sans complexe leur désaccord avec les différents « Green Deals » qui, selon eux, nuisent à leurs activités.

Est-ce que l’exigence de durabilité sera la victime ou la bénéficiaire de ce repli ? A ce stade, on peut dire qu’elle risque d’en faire les frais. Les transformations imposées par les régulations environnementales, à des coûts normatifs et à un encadrement des stratégies privées, peu importe qu’elles soient « douces » ou « dures », suscitent l’ire des groupes multinationaux et des lobbys influents. Aujourd’hui, des dirigeants d’entreprises expriment sans complexe leur désaccord avec les différents « Green Deals » qui, selon eux, nuisent à leurs activités.

Comment le développement durable peut-il s’adapter à cette mutation idéologique ?
Comment le développement durable peut-il s’adapter à cette mutation idéologique ?

Les organisations engagées dans le développement durable s’inquiètent des conséquences de cette mutation idéologique. Celle-ci menace d’entraver les politiques correctives et les objectifs ambitieux, comme le Net Zero à l’horizon 2050. Beaucoup de grandes banques ont déjà abandonné ces ambitions. Pour autant, elles se contentent de limiter les régressions et ne semblent pas faire œuvre de reconstruction. 

Voici trois pistes pour recentrer la durabilité au cœur des stratégies publiques et privées :

  • La première piste à explorer pour remettre la durabilité au cœur des stratégies publiques est de tirer les leçons des critiques constructives qui négligent la complexité et la lourdeur des dispositifs. Par exemple, une norme proposée par l’ISO et le PNUD, prétendument destinée aux entrepreneurs du Sud, s’est révélée inapplicable. Si on n’offre pas des outils de suivi de la durabilité des modèles, simples et pertinents à la fois, à la portée de tous, le blocage persistera.
  • La deuxième piste de travail, est la nécessité d’articuler durabilité et utilité, pour l’entreprise et pas seulement pour la société civile. La durabilité, qui vise à prendre en compte les impacts, doit s’appuyer sur des mécanismes qui incluent les surcoûts afin de favoriser les entreprises vertueuses dans un contexte concurrentiel. On a voulu que le marché fasse le tri et il le fait effectivement mais en faveur de rares acteurs qui savent dégager un avantage compétitif de leur engagement RSE.
  • La troisième piste de travail, est le besoin d’associer action publique, action diplomatique et action privée dans un dispositif de régulation triangulaire qui s’inscrit dans le temps et dans des schémas contractuels. Il faut repenser la RSE pour dépasser totalement la logique de réputation sur laquelle elle s’est fondée et s’épuise aujourd’hui.

Les organisations engagées dans le développement durable s’inquiètent des conséquences de cette mutation idéologique. Celle-ci menace d’entraver les politiques correctives et les objectifs ambitieux, comme le Net Zero à l’horizon 2050. Beaucoup de grandes banques ont déjà abandonné ces ambitions. Pour autant, elles se contentent de limiter les régressions et ne semblent pas faire œuvre de reconstruction. 

Voici trois pistes pour recentrer la durabilité au cœur des stratégies publiques et privées :

  • La première piste à explorer pour remettre la durabilité au cœur des stratégies publiques est de tirer les leçons des critiques constructives qui négligent la complexité et la lourdeur des dispositifs. Par exemple, une norme proposée par l’ISO et le PNUD, prétendument destinée aux entrepreneurs du Sud, s’est révélée inapplicable. Si on n’offre pas des outils de suivi de la durabilité des modèles, simples et pertinents à la fois, à la portée de tous, le blocage persistera.
  • La deuxième piste de travail, est la nécessité d’articuler durabilité et utilité, pour l’entreprise et pas seulement pour la société civile. La durabilité, qui vise à prendre en compte les impacts, doit s’appuyer sur des mécanismes qui incluent les surcoûts afin de favoriser les entreprises vertueuses dans un contexte concurrentiel. On a voulu que le marché fasse le tri et il le fait effectivement mais en faveur de rares acteurs qui savent dégager un avantage compétitif de leur engagement RSE.
  • La troisième piste de travail, est le besoin d’associer action publique, action diplomatique et action privée dans un dispositif de régulation triangulaire qui s’inscrit dans le temps et dans des schémas contractuels. Il faut repenser la RSE pour dépasser totalement la logique de réputation sur laquelle elle s’est fondée et s’épuise aujourd’hui.
Un « déclassement économique » à gérer autrement
Un « déclassement économique » à gérer autrement

Les catégories déclassées dans les pays européens ont nourri un populisme politique qui déséquilibre nos démocraties. Certaines entreprises incapables de répondre aux nouvelles exigences environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), vont devoir opérer un « déclassement économique », qui forceront les États à adopter de nouveaux modes de gouvernance. Les États, devront trouver des voies négociées et non directives d’internalisation des risques ESG et d’adaptation des investissement structurels.

Il est temps de repenser la durabilité. Plutôt que de la limiter à des lois et obligations, il faut inventer des clés permettant son appropriation collective. Une telle transition repose sur des efforts concertés entre les gouvernements, les entreprises et les citoyens.

Les catégories déclassées dans les pays européens ont nourri un populisme politique qui déséquilibre nos démocraties. Certaines entreprises incapables de répondre aux nouvelles exigences environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), vont devoir opérer un « déclassement économique », qui forceront les États à adopter de nouveaux modes de gouvernance. Les États, devront trouver des voies négociées et non directives d’internalisation des risques ESG et d’adaptation des investissement structurels.

Il est temps de repenser la durabilité. Plutôt que de la limiter à des lois et obligations, il faut inventer des clés permettant son appropriation collective. Une telle transition repose sur des efforts concertés entre les gouvernements, les entreprises et les citoyens.

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Les nouvelles règles du jeu : Comment éviter le chaos planétaire

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par George Papaconstantinou & Jean Pisani-Ferry

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Un examen des contradictions dans la coopération internationale face aux défis globaux, avec une urgence à réinventer cette coopération pour soutenir la prospérité économique et préserver les biens communs.

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Reconstruire la pensée européenne

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sous la direction de Dominique Bourg

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Un appel à la réinvention des idéaux démocratiques européens face aux tendances illibérales, en proposant un modèle respectant la pluralité des opinions et la primauté des libertés, crucial pour l’avenir des démocraties.

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Les métamorphoses de la terre : L’humanité et la nature, une nouvelle histoire du monde

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par Peter Frankopan

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Une analyse de l’influence des changements environnementaux, comme les glaciations et réchauffements, sur l’histoire humaine, soulignant la nécessité d’apprendre de notre passé pour mieux aborder les défis climatiques futurs.

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Pour aller plus loin …

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