La fonction RSE incarne des valeurs et met les professionnels au défi de leur conviction !

Les défis de la RSE face aux enjeux économiques et éthiques d’un monde en pleine mutation.

Les convictions au cœur de la fonction RSE

Peut-on exercer une fonction RSE sans avoir en soi des convictions fortes sur la responsabilité des acteurs économiques et, plus largement, sur l’éthique et le respect du droit ? Poser la question, c’est y répondre évidemment, même si l’enjeu n’a jamais été aussi crucial.

Ce métier récent s’est bâti autour de la maîtrise des grands référentiels internationaux et sur la connaissance approfondie de ce qu’on appelle désormais « la durabilité ». Celle-ci repose sur l’intégration des externalités dans les modèles d’entreprise et la négociation avec toutes les parties prenantes. Plus que jamais, dans un contexte défavorable, l’appropriation des valeurs est le levier le plus précieux pour faire valoir « le modèle d’entreprise responsable » voulu en Europe.

De fait, on sait que les entreprises considérées comme exemplaires à un moment donné ont été portées par des dirigeants convaincus, soucieux de doter leur gouvernance d’un socle de valeurs. Ce fut le cas de Lafarge, par exemple, référence éthique des années 1980-2000. Il aura suffi qu’un directeur général considère, seul, que le réalisme cynique était sa conviction pour que la firme soit poursuivie par la justice pour des fautes des plus graves…

Le grand échec des principes directeurs de l’OCDE

La crise actuelle, qui remet en cause la régulation des firmes internationales, principalement aux États-Unis et désormais en Europe, est largement le produit d’une idéologie réactionnaire. Celle-ci refuse d’admettre qu’il existe, au-dessus de l’économie de marché, des principes de droit qui limitent la quête du rendement à tout prix.

Ce revirement est total par rapport aux années 2000, période durant laquelle les enjeux de développement durable avaient conduit près d’une cinquantaine de pays de l’OCDE et associés, y compris les États-Unis, à ratifier les principes directeurs. Ces derniers garantissaient un cadre d’opération respectueux des valeurs démocratiques : droits humains, protection de l’environnement, transparence fiscale, loyauté de l’information, etc.

Or, les États n’ont pas fait respecter ce cadre. Ils ont cédé aux pressions des entreprises, empêchant toute infraction d’être judiciairement poursuivie. Nous sommes bien loin de cette époque où certains dirigeants croyaient encore à la vertu de ces principes pour atténuer les effets négatifs de la mondialisation.

Qui défend le devoir de vigilance parmi les entreprises ?

Face à ce revirement, qui remet la performance financière au premier plan, voire au-dessus des considérations sociales, environnementales et de gouvernance, les gestionnaires d’actifs, administrateurs d’entreprise et directions développement durable vont devoir arbitrer.

Le rapport Perrier de 2023 avait osé leur suggérer qu’il faudrait "échanger du rendement contre de la résilience", mais il a eu peu d’écho. Au contraire, la tendance s’est inversée, la priorité étant désormais de ne pas décrocher de l’échappée américaine.

L’Union européenne elle-même recule. Son abandon partiel du devoir de vigilance (CS3D), sous la pression des pays tiers qui refusaient l’obligation de publier leurs procédures de protection des droits humains et de l’environnement, est un signal alarmant. Les ONG montent au créneau, mais le monde économique reste passif, préférant voir disparaître un texte qui n’a jamais fait consensus. Pourtant, il ne propose aucune alternative pour préserver les avancées obtenues en matière de transparence et de responsabilité.

Le temps du combat pour les valeurs RSE & DD

Dans ce contexte hostile à la régulation, qui balaie les acquis en matière de durabilité, les directions RSE sauront-elles tenir bon ?

Deux conditions doivent être réunies pour éviter un retour à une économie irresponsable aux conséquences désastreuses pour le climat, la biodiversité, les ressources naturelles, l’équité et la gouvernance :

  • Repenser la régulation dans un dialogue multi-acteurs, en réaffirmant les principes fondamentaux et en trouvant des méthodes d’application basées sur la confiance envers les entreprises volontaires, tout en assurant une évaluation publique transparente.
  • Défendre et porter cette vision progressiste au sein des entreprises, dans leur communication et leur engagement public, quitte à prendre des risques pour faire valoir ces principes.

Être un(e) responsable RSE d’entreprise, c’est assumer ses convictions !

La responsabilité individuelle en entreprise, lorsqu’elle touche à des principes de droit et d’éthique, a souvent été encadrée pour certaines fonctions sensibles comme les directions juridiques. Il est temps que cela s’applique aussi aux directions RSE.

Une clause de conscience devrait être reconnue dans leur contrat, leur permettant de défendre les principes de durabilité et de responsabilité collective comme des valeurs personnelles justifiant leur embauche. Cela leur garantirait une protection en cas de conflit avec leur hiérarchie.

Sans ce cadre clair, les professionnels engagés risquent de travailler sous une pression constante, sans pouvoir justifier leurs décisions dans l’exercice de leur mission. Si les directions RSE ne bénéficient pas d’une meilleure reconnaissance de leur rôle, les entreprises perdront en conviction et en combativité sur ces enjeux cruciaux.

Reprendre la main sur la durabilité passe par cette reconnaissance des valeurs RSE, indissociables du métier, et par la protection de ceux et celles qui ont le courage de les défendre dans l’intérêt commun de l’entreprise et de la société.

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