Le rejet de la directive Omnibus
Après plusieurs mois de débats, la directive Omnibus - qui devait simplifier et ajuster les règles de durabilité - a été rejetée en plénière par le Parlement européen.
Derrière ce vote, c’est bien plus qu’un texte technique qui se joue : c’est la trajectoire du Green Deal et de la CSRD elle-même qui se trouve temporairement suspendue.
Le compromis porté par la Commission des affaires juridiques devait introduire des ajustements pragmatiques : plus de proportionnalité, des délais allongés, une simplification pour les PME, et une meilleure articulation entre les différentes réglementations (CSRD, CSDDD, Taxonomie…). Mais le texte n’a pas trouvé sa majorité : La gauche et les écologistes l’ont jugé trop permissif vis-à-vis des ambitions environnementales, la droite conservatrice et l’extrême-droite l’ont considéré trop contraignant pour la compétitivité européenne.
Résultat : statu quo, incertitude, et un calendrier qui s’allonge.
La nécessité d'anticiper malgré les fluctuations politiques
Fermer les yeux n’a pourtant jamais arrêté la marée : le climat continue de se dérégler, les attentes sociétales de s’intensifier, les modèles économiques d’évoluer. Tarder à prendre le tournant de la CSRD, c’est comme naviguer sans carte dans une tempête annoncée. Ceux qui s’y préparent dès aujourd’hui auront une longueur d’avance demain.
Pour les entreprises, cette valse réglementaire n’est pas anodine. Surtout pour les moins matures. Nos échanges avec nos clients nous le prouvent : les grandes entreprises font “comme si de rien n’était”, elles avancent, restent au courant, mais n’ont pas l’intention de détricoter le rapport de durabilité qu’elles ont mis tant d’efforts à produire conforme.
Pour les entreprises plus petites, moins avancées, moins équipées aussi, se pose une question centrale : faut-il attendre la simplification, ou avancer malgré tout ? Celles qui choisissent d’anticiper - en consolidant leur gouvernance RSE, leurs processus de collecte et leur articulation entre stratégie, reporting et finance - seront prêtes, quoi qu’il advienne.
Mais beaucoup sont aujourd’hui dans l’atermoiement, cela les dessert. Car si le rythme politique fluctue, la direction reste la même : celle d’une économie durable, transparente et redevable.
La CSRD, un levier de transformation durable
En clair : la CSRD n’est pas remise en cause, elle entre simplement dans une phase de maturation. L’enjeu pour les directions RSE et financières est d’apprendre à naviguer dans l’incertitude, à ajuster sans renoncer, et à faire de la conformité un levier de transformation durable. Chez ici&demain, nous savons que ce n’est pas chose facile car nous naviguons à leur côté, jour après jour.
Prochain rendez-vous : les 12 et 13 novembre, à Bruxelles, pour tenter de réintroduire un consensus.
Parce que la CSRD n’est pas une mode réglementaire, c’est une grille de lecture du réel. Et dans ce scénario européen en mouvement, mieux vaut être acteur que spectateur.

