Comment gérer sa carrière quand on est un professionnel engagé dans la durabilité ?

Carrières RSE durables : préparer son projet et naviguer dans cet univers dynamique

À propos de cette table ronde

Carrières Engagées : S’épanouir Professionnellement dans le Développement Durable

Cette table ronde aborde le défi d’alignement entre valeurs personnelles et aspirations professionnelles dans le domaine de la durabilité. Face à un marché en plein emballement, mais pourtant plein de paradoxes, des professionnels engagés partagent leurs parcours et leurs conseils pour naviguer cette transition durable. De la reconversion à l’évolution de carrière, découvrez les opportunités, les obstacles et les stratégies pour réussir. Un échange enrichissant pour toute personne désireuse de donner du sens à leur carrière et d’œuvrer pour un avenir durable. Une invitation à façonner un parcours professionnel aligné sur les valeurs de durabilité.

(Re)Vivez la table ronde “Comment gérer sa carrière quand on est un professionnel engagé dans la durabilité ?”

[Article] Carrières durables : comment préparer son projet et naviguer dans cet univers émergent ?

Sommaire

Partagez cet article !

Les intervenants de cette table ronde

Anne-Laure Alberge Diez
Chef de projet chez Talents for the Planet

Fayrouz Chaouache-Lagarde
Co-dirigeante de L’Effet Bleu

Héloïse Belmont
Directrice Communication & RSE chez Birdeo

Mathilde Heroin
Global Senior Manager Retail chez Too Good To Go

Nicolas Vergne
Porte parole & Responsable du développement chez Jobs that makesense

Valentine Rebattet
Responsable RSE chez Atlasformen

Retour Sur Cette Table Ronde

Par Dominique Pialot

Quête de sens au travail : des recrutements de plus en plus engagés

Les professionnels en quête de reconversion vers un métier apportant plus de sens sont toujours plus nombreux. Mais en pratique, quelles sont les réelles opportunités qui s’offrent à eux ? Comment se distinguer et naviguer dans les parcours de la durabilité ? Pour répondre à ces questions, EcoLearn a fait témoigner lors de ses journées portes-ouvertes 2024 des alumni EcoLearn issus de divers secteurs et des professionnels du recrutement.

  • Anne-Laure Alberge Diez, alumni, Chef de projet chez Talents for the Planet
  • Fayrouz Chaouache-Lagarde, alumni, Co-dirigeante chez L’Effet Bleu
  • Héloïse Belmont, alumni, Directrice Communication & RSE chez Birdeo
  • Mathilde Heroin, alumni, Global senior manager Retail chez Too Good To Go
  • Nicolas Vergne, Porte-parole & Responsable du développement chez Jobs that makesense
  • Valentine Rebattet, alumni Responsable RSE chez Atlasformen

Comme le rappelle en introduction Nicolas Vergne de Jobs that makesense, les métiers à impact ou porteurs de sens peuvent être classés dans trois catégories : les métiers verts, qui reposent sur de solides compétences techniques ; les métiers verdissants, que recherchent en particulier les secteurs aux plus forts impacts environnementaux (BTP, transport, industrie) ; et enfin les métiers classiques (comptable, chef de produit, etc.) mais exercés dans des structures à impact (associations, entreprises de l’ESS, etc.).

Celles-ci constituent l’une des six typologies distinguées par Nicolas Vergne : celles qui fabriquent et/ou commercialisent des produits ou services responsables (comme le fabricant de baskets Faguo) ; celles qui sont des partenaires de la transition (comme le cabinet de recrutement spécialisé Birdeo) ; celles qui oeuvrent à la sensibilisation ou à la formation (comme EcoLearn) ; celles qui fournissent des services d’utilité publique (comme l’ADEME) ; celles qui sont en transition.

D’après les calculs du Shift Project, la quantité de jobs verts double tous les ans et devrait représenter 1,1 million d’emplois en 2050, soit 14% de l’emploi et 10% du PIB.

Si les recrutements y sont de plus en plus nombreux, Nicolas Vergne observe que ces métiers ont tendance à être moins bien rémunérés que les autres, avec un écart moyen de 10% en début de carrière, qui se creuse au fil du temps pour atteindre 30% après 10 ans.

Faire évoluer son métier, ses missions, ou partir pour une structure prête à transitionner ?

A l’instar de Mathilde Heroin, de nombreux professionnels en quête de reconversion durable recherchent d’abord leur nouvel emploi au sein de leur entreprise. Si certains finissent par partir faute de concrétisation de postes de RSE, elle leur déconseille de le faire avant d’avoir instauré un rapport de force. Et tenter d’y faire entrer la RSE.

Par ailleurs, « On recherche de l’expérience dans un CV », témoigne Héloïse Belmont (Birdeo). Un point supplémentaire qui milite pour l’option consistant à rester dans son entreprise.

À l’inverse, comme en témoigne Valentine Rebattet, quitter un grand groupe pour une petite structure, comme elle l’a fait en passant d’Yves Rocher à Atlasformen, permet d’aller beaucoup plus vite et d’asseoir plus rapidement sa légitimité. « On parle beaucoup moins des PME et des ETI, alors qu’elles représentent l’essentiel du tissu économique français », regrette-t-elle. « Elles ont des besoins importants en matière de RSE et proposent de super jobs », conclut-elle.

Quelles compétences pour quels métiers ?

Après avoir exercé quelques postes au sein de grandes entreprises, elle-même a négocié en 2019 un grand virage sous-tendu par une prise de conscience. Depuis son poste d’observation privilégié, elle distingue les métiers transverses en RSE ; les experts techniques (consultants externes ou au sein de l’entreprise) et ceux qui exigent une double compétence, reposant sur un socle métier complété par une formation spécifique. « On assiste à une montée progressive de l’intégration RSE dans les métiers, qui n’est pas forcément visible et résulte parfois d’initiatives personnelles. »

Les métiers verts exigent une expertise métier pointue, qui constitue une barrière à l’entrée. C’est pourquoi il est essentiel de bien identifier sa compétence fondamentale et de s’assurer qu’elle est transférable. Pour Héloïse Belmont (Birdeo), outre cette expertise métier ou sectorielle et une bonne compréhension des enjeux RSE, le savoir-être est l’une des compétences les plus importantes dans la recherche d’un emploi durable. « Il faut avoir une capacité à embarquer les autres, à faire bouger les lignes, mais aussi savoir faire preuve d’humilité, de pédagogie et de qualités de communication. »

Comment s’y prendre et comment choisir ?

Il est vivement conseillé de bien se renseigner, de réseauter, d’aller sur des salons et, bien sûr, de se former. Pour Fayrouz Chaouache-Lagarde, cela peut nécessiter plusieurs mois d’introspection pour « identifier ce qui nous anime, nous fait vibrer. » Pour elle, ce sont des rencontres pendant une AG du futur ou au cours de Fresques… « Allez là où ça vibre en vous, c’est ce qui vous donnera l’énergie nécessaire », car « le parcours ne sera pas un long fleuve tranquille », souligne-t-elle.

Il ne faut surtout pas « oublier sa première partie de carrière. » Mais apprendre à « raconter cette expérience avec les mots du développement durable ».

Qu’apporte la formation au développement durable ?

Bien sûr, souligne Fayrouz Chaouache-Lagarde, dans ce contexte, « la formation donne de vraies cartes. » Mais ce n’est pas tout. Elle permet de « rencontrer des gens véritablement habités par leur mission, qui sont dans la transmission et le transfert de compétences. » Cela permet d’élargir son réseau, voire, comme ça lui est justement arrivé, de rencontrer ses futurs associés.

Une aspiration croissante pour les métiers à impact

Face à l’urgence environnementale, aux nouvelles exigences réglementaires et à la pression des parties prenantes, les entreprises de toute taille ont des besoins croissants en matière de RSE. Ces besoins rencontrent une aspiration croissante pour les métiers à impact et porteurs de sens, notamment parmi une population d’actifs en reconversion professionnelle. Mais pour que chacun trouve chaussure à son pied, cette évolution doit se préparer. Il faut prendre le temps d’identifier le métier qui vous attire et auquel vous pouvez prétendre et le type de structure où vous souhaitez l’exercer. Dans ce contexte, la formation permet d’acquérir des compétences, de faire de belles rencontres, d’étoffer son réseau…toutes choses qui concourent à sécuriser et accélérer la mise en œuvre de son projet.